mardi 5 juillet 2011

On m'appelait l'ange vert…

« Alors, à ce moment-là, je ne sais pas ce qui se passe. Je me mets à hurler. Je cours comme un fou, les bras levés, la bouche ensanglantée. Le sang me dessine une fine moustache rouge. Je dois avoir l’air d’un vrai sauvage ! En tous cas, j’ai oublié ma douleur. Je cours comme si je n’avais jamais eu mal à la jambe de ma vie. »

Dominique Rocheteau
, On m'appelait l'ange vert… 2005.

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En récupérant ce ballon hérité d'un dribble incroyable de Patrick Revelli, Dominique Rocheteau tente un geste inné et catapulte le cuir sous la barre.
Trois à zéro, le buteur sait qu’il reste huit minutes à tenir dans cette interminable prolongation. La France entière se crispe face à son poste de télévision, mais la défense dirigée par Ćurković tient. Et l’arbitre siffle. Les Verts viennent d’éliminer la grande équipe du Dynamo de Kiev menée par Oleg Blokhine. Rocheteau, blessé, ne devait initialement pas jouer, mais en le titularisant d’entrée, « Robby avait raison. Une fois de plus... ».
La suite, tout le monde s’en souvient ou la connaît – elle est dans les livres d’histoire – : au tour suivant, St-Étienne se défait du PSV Eindhoven, et se hisse en finale de la pharamineuse Coupe d’Europe des Clubs Champions. Et pour Dominique Rocheteau, le match à Glasgow sera à nouveau calqué sur huit minutes. Huit minutes de bonheur, comme les plus merveilleuses et les plus douloureuses de sa carrière. Sans son numéro sept sur le dos, il entre comme remplaçant alors que ne subsistent que huit minutes pour espérer égaliser contre ces joueurs extraordinaires que sont Gerd Müller, Franz Beckenbauer, Sepp Maier, ce Bayern Munich qui ne cède son autorité depuis ce but sur coup-franc de Roth. Malgré les assauts et les dribbles de l’ailier droit stéphanois et ceux de ses coéquipiers, le score demeurera tristement figé. « Mais pourquoi ce lad n’a-t-il pas joué plus longtemps ? », maugrée encore Rod Stewart…
Un livre lu, le maillot Manufrance sur les épaules.