mardi 29 mai 2012

Plume de cheval

« L'ennui, c'est que nous négligeons le football au profit de l'éducation. »

Groucho Marx
, Plume de cheval    1932.
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En 1932, en Amérique, Groucho Marx (1890-1997) parle d'un sport qui le révolte probablement autant qui le passionne. Sa remarque est ironique ; mais elle nous permet, quatre-vingt ans plus tard, de sourire du sort qu'il advint à l'équipe de la capitale, en cette saison 2011/2012 (de football association, pour faire la différence avec le football américain cher au comédien) : cette équipe n'aurait pas du négliger le football… au profit de l'éducation par l'argent !
Car une modeste équipe de province, jeune, insouciante, fougueuse et
sensiblement « éduquée » près de la Méditerranée, s'est dernièrement fichée en tête de bouléguer la hiérarchie nationale pour rafler un trophée que seuls trois ou quatre riches aspirants avaient la « légitimité » de convoiter. S’il ne fallait rappeler qu’un instant de cette saison longue de dix mois, ce serait raconter ce stress durant toute la semaine qui précéda la dernière journée à la Mosson, le stade plein à craquer, les chants, les couleurs, le tifo-anniversaire de La Butte Paillade, la fantaisie du jeune Enzo à la mi-temps, la vraie-fausse panne d'électricité, puis les dents qui s’entrechoquent de peur durant toute le dernier quart d'heure, Giroud qui bombe le torse, Aït Fana qui aligne tout un stade au cent mètres, le ballon rose qui termine là où on l'espéra durant quatre-vingt-quatorze minutes, les remplaçants qui accourent sur le terrain, Stambouli en apesanteur avec les bras et les cheveux du Christ, les tribunes qui s’écroulent en liesse tout autour, le retour dans la ville avec les klaxons, les commentaires post bellum de Philippe Sers, etc.
Un hommage, on l’aura deviné, au staff, aux joueurs et aux supporters de l'équipe de football de Montpellier.