dimanche 27 septembre 2015

La fiancée de ses nuits blanches

« De mon expérience, la folie et les tourments de l'enfer guettent une descendance quand on lui cache ses origines. »

Yslaire
, La fiancée de ses nuits blanches    2014.
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L'univers du dessinateur Yslaire nous accompagne depuis plus de trente ans. Avouons-le (avouez-le), déjà les feuilletons  "Bidouille et Violette", publiés dans Spirou, parvenaient à nous tenir en haleine. 
Nous avions découvert "Sambre", quelques temps après la création de la série. Il y avait, d'ailleurs, sous les traits des personnages, l'héritage desdites premières planches de jeunesse de l'auteur. Mais la dramaturgie était d'une intensité nouvelle, puissante. Sous un fond sépia, la couleur et la lumière (ou son absence), prenant au rouge sang et sombre d'où le nom Sambre , imposaient avec force l'idée d'une douloureuse saga.
À lire et relire plusieurs fois, entre deux publications, les différents volumes de "La guerre des Sambre", l'on devine qu'Yslaire a effectué de sérieuses recherches en généalogie, voire en psychogénéalogie, pour établir la chronologie de ses histoires, tant le vocabulaire, les propos, ne peuvent être du moins, ne pouvons-nous le croire les fruits et hasards de la passion d'un "innocent". Pour simple exemple, si, étrangement, la parution des albums ne suit pas l'ordre chronologique de l'histoire familiale, n'est-ce point là ce qui caractérise la réalisation d'une généalogie où le chercheur avance logiquement son travail et détaille les branches de son arbre avec une progression inégale, décousue, aléatoire, dictée par ses trouvailles ? Et si nous désirions taquiner Bernard Hislaire, Bernar Yslaire, Yslaire, Sylaire, iSlaire, nous serions même tentés de voir, en ces récurrentes variations sur son pseudonyme (depuis le début de sa carrière), la marque du temps sur son nom de famille ; tout comme nous constatons, souventes fois, en feuilletant les registres d'Ancien Régime, l'évolution de la plupart des patronymes.
Dessinateur, conteur, historien, généalogiste, Yslaire est un artiste aux multiples talents, qui nous guide dans cet arbre, de génération en génération, au gré des épisodes ; où des personnages jouent des rôles surprenants, où les issues ne sont jamais ni figées, ni prévisibles.

Une bande-dessinée, achetée le jour de sa sortie, qui démarre le cycle de cujus "Maxime & Constance", et vient s'ajouter aux trois volumes "Werner & Charlotte" offerts par la fiancée de nos nuits blanches, complétant la collection commencée avec "Hugo & Iris", et la suite originelle intitulée "Sambre".