mercredi 6 avril 2011

Pick over Beethoven

« Bill n'admet pas qu'il existe une autre musique que le bluegrass. Une fois, alors que j'emmenais Bill dans un club à San Francisco, il m'a demandé des nouvelles de Richard Greene. Je lui ai répondu qu'il allait bien et il m'a demandé : "A-t-il toujours les cheveux longs ? Ce garçon avait de très beaux cheveux quand il jouait avec nous, mais ils ont trop poussé". Je lui ai fait remarquer que Beethoven aussi avait les cheveux longs. Il m'a dit : "Beethoven, qu'est-ce qu'il a fait ?" Je lui ai dit : "Oh rien, il a juste écrit quelques mélodies, des symphonies…" »

David Grisman,
Le Cri du Coyote, 1987/4 — Toulouse 1984.
________________
La mandoline est cet objet aux huit cordes que l'on retrouve dans la douce poussière de tous les greniers familiaux. Instrument sympathique à la caisse heureuse comme une aronde, féminin, il renvoie à des siècles de musiques oubliées ou à quelque image d'Épinaples. Transformée par des musiciens en recherche de nouvelles sonorités et d'efficacité, qui l'aplatirent à coups de rhythm chops en même temps qu'ils inventèrent le bluegrass, la mandoline — version F5, notamment — devint l'alliée du banjo dans les mains d'un virtuose comme Bill Monroe. David Grisman, et à sa suite la vague newgrass des Sam Bush, Mike Marshall, Darol Anger, Andy Statman et autres maîtres du médiator, offrirent à l'instrument un rôle essentiel au sein des musiques héritières des premières formations appalachiennes.
David Grisman (sous la formule la plus intéressante, son Quintet circa 1980), improvisateur et créateur en marge d'un circuit traditionnel, initiateur d'un style qui porte son nom, Dawg music, est certainement le maillon entre les uns et les autres. Présent sur toutes les scènes, aux côtés de Jerry Garcia ou de Stéphane Grapelli, ou comme professeur particulier de Bob Dylan, il influence les deux ou trois générations de musiciens bluegrass, newgrass ou de jazz trad, voire des artistes comme le chanteur français Stéphane San Severino. Il garde, durant son immense carrière, un profond respect pour l'homme au chapeau blanc, le pape de la mando, the father of bluegrass, Bill Monroe,
pour lequel nous célébrons, cette année, le centenaire de la naissance. Ce dernier est le seul artiste — excusez du peu — à figurer à la fois au Country Music Hall of Fame, à l'International Bluegrass Music Hall of Fame et au Rock'n'roll Hall of Fame.
Un Cri du Coyote retrouvé entre deux Back Up et les premiers Modal, au fond d'un vieux coffre en bois de pauvre valeur, ne fermant plus à clef.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire