« J'ai rêvé, plus d'une fois, à ces rencontres insaisissables, lourdes de mystère, d'un lieu sacré que le songe est seul à connaître. Une multitude de fantômes se promène en ce lieu… Une multitude de fantômes me parle à l'oreille, me raconte des histoire extraordinaires, sur la vie au temps passé. »
[ Ai pantaissat, mai d'un còp, aquelas entrevistas inagantablas, cargadas del mistèri d'un ligam sacrat que lo sòmi es sol de conéisser. Un molon de trèvas se passejan dins aquel luòc… Un molon de trèvas me parlan dins l'aurelha, me contan d'istòrias espectaclosas de la vida passada. ]
Estève Salendres, Camin descaminat — 2010.
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Il est assis contre le mur en pierres de ce vieux bâtiment qu'est le Musée Fenaille, à Rodez ; entouré, ce dimanche matin, d'un petit auditorium de quelques dizaines d'« âmes sensibles » à sa langue, à l'occitan.
C'est un pastejaire de mots, tel qu'il s'annonce lui-même. Il n'écrit pas, il pétrit les mots, nuance-t-il sérieusement. Une passion parmi d'autres, car reste-t-il, d'ailleurs, des mois, parfois, sans ouvrir un cahier où tracer ses inspirations. C'est qu'Estève n'est pas que ce poète (occitan) qu'un paquet d'intellectuels et d'universitaires voudraient tant faire de lui. C'est un homme simple, qui aspire à fuir, dès qu'il le peut, vers sa rivière, avec ses cannes et les mouches qu'il fabrique lui-même sur un coin de sa table. Un homme simple, pour qui les rires de ses enfants sont plus musicaux que toute poésie. Pour qui, avoue-t-il, le quotidien est plus merveilleux que ses rêves.
Un recueil de poèmes en lenga nòstra, offert par son auteur, et dont certain Chemin rêvé depuis des jours — Camin pantaissat dempuèi jorns — résonne alors que le hameau de Marzials se laisse pénétrer avec force et douceur dans la longue descente entre le Rouergue et le Bas-Languedoc, l'après-midi dudit dimanche.
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