« Je regnie amours et despite
Et deffie à feu et à sang.
Mort par elles me précipite,
Et ne leur en chault pas d’ung blanc.
Ma vïelle ay mis soubz le banc ;
Amans je ne suyvray jamais :
Se jadis je fus de leur ranc,
Je desclare que n’en suis mais. »
Françoys Villon, Le testament — 1461.
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Ne plaignons pas nos hivers, car nous ne pouvons imaginer quels
estoient ceux de Françoys Villon, à une espoque où il faisoit tant
froid dedans Paris que les loups, assurés d'y trouver esquelettes et
cadavres, entraient dans la ville.
Villon, né Françoys de Montcorbier,
vint au monde l’année où fut l’innocente Jehanne d’Arc bruslée. Oncques ne
mena honneste vie : clerc tonsuré, goliard, basochien, ripailleur
et bon folastre, nous savons iceluy voleur et assassin, promis à estre
pendu et estranglé. Poeste maudit bien avant d’aultres, il inspirera
Marot, Rimbaud, Verlaine, Brassens ou Dylan.
« Au poinct du
jour, que l’esprevier s’esbat, meu de plaisir et par noble coustume »,
commence l’une ballade ; « Pour ce, amez tant que voudrez, Suyvez
assemblées et festes, En la fin jà mieulx n’en vauldrez, Et si n’y
romprez que vos testes », énonce comme en farandole une aultre.
Des textes relus, alors que l’hiver nous arrive enfin, et que l’on se
demande, avec le poeste, « mais où sont les neiges d’antan ? »
Et grand bien fit-il de ne mener honneste vie, car esquelette il n'est plus même, depuis tant et tant de temps...
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