« Quelle affligeante situation d’être forcée demander à ceux qui ne nous doivent rien. »
Marie Durand, À la Tour de Constance — 15 avril 1762.
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Dans cette lettre, adressée au pasteur Paul Rabaut, et simplement signée « La Durand », la plus célèbre des prisonnières huguenotes décrit une nouvelle fois sa situation dramatique et celle de ses coreligionnaires séquestrées dans la même et particulière cellule.
Celle qui grava ce Résister sur les murs du plus haut étage de la Tour de Constance se désole que ces femmes soient à jamais endettées, redevables envers autrui pour les secours adressés par quelque élan de solidarité afin de les aider à soigner les multiples maladies endurées au long de leur interminable captivité. Elles n’ont que leurs mains pour coudre des bas ou rapiécer jupes et robes, parfois même vendent-elles leurs hardes, faibles ressources qui leur permet de gagner quelques sols. Avec ce peu d’argent et les dons de bienfaiteurs, elles acquièrent du bois pour se chauffer l’hiver, des lentilles et du riz à cuisiner.
Comme seules distractions, la lecture et... le chant, comme nous pouvons le noter grâce à cette demande touchante qu’effectue Marie Durand à sa nièce, quand elle souhaite recevoir un psautier avec ses partitions – ce qui semble indiquer qu’elle possède l’aptitude à lire la musique. Au même titre que leurs camarades galériens, ces femmes sont des « prisonnières politiques, des otages », à une époque où la liberté de conscience n’existe pas. Née en 1711, au Bouchet de Pranles, Marie Durand restera enfermée de 1730 à 1768. Après sa libération, elle vivra huit années dans sa vieille maison, à la pointe nord de la Cévenne vivaroise.
Des lettres lues dans le livre publié par l’un des descendants de la branche maternelle à Marie Durand, Étienne Gamonnet.
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