« See my bird up in the sky
She don't walk, she just fly
She don't walk, she don't run
She's the girl of wind and sun »
Folklore américain, Green, Green Rocky Road
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"Inside Llewyn Davis" n'est pas aussi irrésistible que "O' Brother", mais c'est un film avec un très beau climat, comme le sont, habituellement, les réalisations de Joel et Ethan Coen.
Nous sommes en 1961, et Pete Seeger, Mimi and Richard Fariña, Peter, Paul and Mary, Jim and Jean, Tom Paxton, The Clancy Brothers, sont là, à chanter dans l'ombre, mais reconnaissables entre mille, dans cette fiction volontairement inspirée par les pionniers de la folk music.
À travers l'Amérique
des rues de New York, tout concorde. Et l'on ne sy trompe pas, lorsque l'on voit le personnage appelé Grossman, il s'agit bien, patronyme non feint, d'Albert Grossman, premier manager de Dylan. Lors, bien sûr, il y a les impresarios véreux, la silhouette de l'auteur de "Sad-Eyed Lady of the Lowlands", des guitares, l'hiver, la dèche, la route, tout Greenwich Village, et, last but not least, cette très belle chanson de Dave Van Ronk, "Green, Green Rocky Road", dont les paroles, comme dans toutes les chansons traditionnelles, varient avec les temps et les gens. Mais il y a, aussi, le chat Ulysse — un chat filmé par des gens qui aiment les chats — et d'autres petites perles. Dont, mention particulière, Oscar Isaac, comédien mais aussi interprète, puisqu'il chante, accompanying himself on the guitar, les thèmes de la bande originale. Ce jeune garçon talentueux est, au départ, musicien, et fan de Dylan et de Cat Stevens (tiens, on retrouve l'auteur de "Sad Lisa"…), et c'est en apprenant que les Frères Coen cherchent à construire un film autour d'un univers qui lui est cher, qu'il met tout en œuvre pour en décrocher le rôle principal.
Il campe Llewyn Davis, un rêveur, marginal, sans-le-sou et sans trop d'idées, qui erre, avec un flight case et sans manteau, dans la neige qui craque sous son pas qui hésite entre plusieurs vies. Qui n'arrivera jamais à faire plus qu'une petite carrière de chanteur à peine reconnu par ses amis, et dont la seule fortune sera un reliquat de disques invendus, et sa seule maison, des canapés, quand il peut trouver, davantage mal gré que bon gré pour ses hôtes, un refuge provisoire. Quand il quitte la scène du hootenanny, un "inconnu notoire", au timbre nasillard, démarre trois accords de guitare et un couplet, et Davis comprend, comme nous, que ce folk singer deviendra l'icône d'une époque, alors qu'il chante "Farewell", comme pour signifier à Llewyn qu'il peut, désormais, s'en aller…
Un film partagé avec et d'après l'idée de "Suze Rotolo", le combi VW The freewheelin' garé non loin…
très bel éclairage sur ce film, mais qui prouve aussi que cet opus des frères Cohen est pour initiés, sinon ça reste un film "pas trop mal" avec plein de bons acteurs, mais une histoire de "nostalgiques ?!" sur une époque qui reste emmitouflée dans un manteau trop petit et qui laisse un goût de désillusion et de non achevé ... un récit bien filmé, mais sans grande chaleur, sur un vrai loser.
RépondreSupprimerles frères cohen confirment qu'ils savent filmer comme peu de leurs contemporains l'hiver rude et glacial !