vendredi 27 février 2015

La grammaire, c'est pas de la tarte !

« […] le français était du latin parlé par des Germains. »

Olivier Houdart & Sylvie Prioul,
La grammaire, c'est pas de la tarte ! 
  2009.
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Si Charlemagne n'a pas inventé l'école, on ne sait qui a créé la grammaire française. Une chose est sûre : plusieurs se sont amatinés, pour accoucher d'idiomes aussi complexes, et ils durent bien rigoler ! Et, ni un livre, ni même ce livre, n'y suffiraient pour tout comprendre.
Les verbes et leurs auxiliaires éprouvent notre patience. Fugueuses exceptions, qui s'échappent dès que la règle tente de les séquestrer dans un cadre formel. À en perdre, et son latin (d'écurie), et ses conjugaisons, qui passent leur(s) temps à faire la fête, ou, à la moindre occasion, qui virent leur cuti à l'imparfaite — tentante syllepse.
À notre décharge, cette langue française et compliquée est le legs d'une généalogie alambiquée. D'une recette qui cuisine racines celtes et gauloises, relevées de condiments méditerranéens et à la faveur de nombreuses sauces étrangères. Dans un même plat, où marinent des pièces protéinées choisies sur les étals du Grand Nord, chez « ces gens qui parlent des langues ressemblant à des maladies de gorge et qui s'enduisent les cheveux de beurre rance » (encore une histoire de tignasse, alors que nous apprenons, ici, qu'il ne faut pas marquer le pluriel à sèche-cheveu), comme le définissait Jean-Dominique Merchet dans "Lettre ouverte à ceux qui ont fait souffrir la France !". Allez, ensuite, imposer quelque discipline au sein d'une fratrie : une mère n'y reconnaîtrait pas ses épithètes.
Et pourtant, entre les Serments de Strasbourg, l'Édit de Villers-Cotterêts et les réformes de 1990, Villon et Brassens, Rimbaud et Desproges, Voltaire et Chabrol, ont réussi à tirer leur épingle du jeu des bottes, en faisant leur foin des verbes et des mots qui s'y amusaient depuis de nombreuses lurettes. 
Un livre lu, en découvrant les 
« écris bastards » de Suzanne Bezon, femme du Claux, à Peyremale, qui ajouta, un jour de mai 1609, sa pieuse prose, en désheurant la cursive savante du notaire de son village

2 commentaires:

  1. Bonjour Scribe ! Vous avez amplement raison... Pour une petite fille qui écrivait en mandarin, pensait en français et parlait en malgache. Imaginez la douleur !
    Heureusement, il y a pour les petites cervelles de moineau, les déserteurs des bancs inconfortables, pour ceux qui se cachaient au fond de la classe, une nouvelle bible... Presque parfaite ! "SCRIBENS"

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