« Il est grand temps de nous débarrasser de l’idée que les loisirs pour les ouvriers sont soit "du temps perdu", soit un privilège de classe. »
« Que le Diable trouve du travail pour les mains oisives est probablement vrai. Mais il y a une différence profonde entre les loisirs et l’oisiveté. Nous ne devons pas confondre loisirs avec fainéantise. »
Henry Ford, World's world — 1926.
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En 1926, un grand américain, Henry Ford (1863-1947), proposait à ses ouvriers de travailler moins. Cinq jours par semaine, pas plus. Et gagner autant, qu’en six jours de présence derrière les machines. Deux jours de repos, par semaine, ce n’était pas une idée, mais une révolution ! Une utopie ! Déjà, douze années auparavant, le constructeur automobile s’était signalé pour avoir doublé les salaires par deux : « five dollars a day », avait-il promis et accordé. Deux jours, soit. Mais, pour quoi faire ? Pour dépenser l’argent gagné à la sueur du front, durant les journées précédentes, pardi. Ce n’était pas une idée, mais une stratégie. Du capitalisme, camouflé en progression sociale.
Adonc, l’ouvrier, qui n’était pas contre ce changement, gagna son jour de repos supplémentaire. Et bénéficia de cet augment hebdomadaire, pour dépenser à loisir. Était-ce trop, alors ? On arguait, que l’ouvrier disposait, ainsi, de deux jours au lieu d’un pour « boire » son salaire. Ford répliquait que « les personnes qui consomment la majeure partie des marchandises sont les gens qui les fabriquent » et que « les personnes ayant une semaine de cinq jours consommeront davantage de biens que les personnes ayant une semaine de six jours ». On découvrait, là, que les réformes sociales favoriseraient la croissance économique.
Deux journées de repos, définies comme devant être consacrées aux loisirs, est-ce trop, de nos jours, alors que le budget pour les loisirs d’un ménage moyen se compte, concrètement, en de maigres possibilités ? Faudrait-il retravailler six fois par semaine, pour oublier ce numéraire échangé contre la sueur versée, cet argent tentant et insuffisant à la fois ? Panem e circenses, cela n'a jamais été une idée pour améliorer le bonheur quotidien, quand le bonheur s’achète à prix d’or. L’homme n’a plus les mêmes nécessités qu’autrefois. Il n’a plus les mêmes joies, les mêmes occupations — ou non-occupations —, ni les mêmes volontés. L’homme n’est plus un chasseur-cueilleur.
Un article trouvé et confié par David, humble économiste et discret révolutionnaire devant l’éternelle vie toute-puissante.
Toujours fin et pertinent, haut en couleurs
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